dimanche 2 avril 2017

Te Tatoues-Tu?



Il y a un mois j'étais au Mondial duTatouage. Je voulais participer à cet événement depuis longtemps. Je vais te dire, j'ai pas été déçue une seconde.
Des tatoueurs et des tatoués dans tous les coins, tous les styles, tous les âges, toutes les nationalités, le petit « bzzzzz » familier des dermographes en action et la sensation d'appartenir à une grande communauté. Et je me suis dit que ça serait un bon prétexte pour qu'on parle tatouage.

Parce que tu ne le sais pas encore, mais j'aime le tatouage ! Je suis tatouée, certes pour l'instant je n'en ai que 2, mais je bouillonne d'idées et d'envies.
Et là, (presque) tout le monde se demande : « Mais pourquoi ? »
En fait d'aussi loin que je me souvienne j'ai toujours aimé les tatouages. Au lycée, je dessinais des tatouages au stylo bic sur mes copines d'internat. J'ai même sérieusement pensé à devenir tatoueuse !

La peau c'est un support tellement unique. Selon les personnes et les périodes de la vie, sa texture, sa couleur, son grain... impossible d'avoir 2 fois la même toile. C'est un support qui évolue, qui est toujours en mouvement, qui vit en fait !
Le côté tableau vivant ça a quelque chose de magique, irréel, qui me captive à chaque fois.
Évidemment, j'ai très vite voulu me faire tatouer pour de vrai.
Évidemment tant que j'étais mineure c'était même pas la peine de rêver pour avoir la bénédiction des parents.
Évidemment une fois majeure je n'avais pas le budget pour me lancer tout de suite.
Évidemment quand j'ai réussi à réunir un petit pécule nécessaire pour sauter le pas j'ai beaucoup, beaucoup réfléchis.
Et tout ça, ça m'a pris 10 ans !
Et heureusement ! Sinon je me serai retrouvée la couenne entièrement bleue avant mes 25 ans avec des dessins d'un goût plus ou moins douteux, fait par des tatoueurs eux mêmes plus ou moins douteux...

Avant de passer à l'acte, j'ai épluché des centaines de catalogues de tatoueurs, instagram, facebook, site de tatouages, discuté avec des tas de tatoués, posé 50 000 questions (parfois débiles!). J'ai pris le temps de choisir mon tatoueur, parce que j'en suis arrivé à la conclusion que finalement c'est ça le plus important, avant le dessin, avant l'emplacement : l'artiste ! Je pars du principe que les tatoueurs ne sont pas des imprimantes. Ils ont leur style, leurs points forts, leur créativité, ce sont des artistes avant tout et c'est important de respecter tout ça.

Quand j'ai débarqué pour la première fois dans un salon de tatouage (Hand in Glove, à Paris, pour ne pas le nommer) j'avais une idée super précise et je savais quel tatoueur je voulais.
Après avoir discuté un peu avec lui, il m'explique gentiment pourquoi mon tatouage et son positionnement ne sont pas terrible, il me propose plusieurs autres déclinaisons du motif, mais bof... Je suis pas tellement convaincue. Et là il m'a dit un truc que j'oublierai jamais :
« Tu sais pour un tatouage faut pas faire de compromis. Faut te faire tatouer un truc dont t'as vraiment envie. »
J'ai eu comme un déclic. Y'avait bien un quelque chose dont j'avais très envie, mais j'étais pas sûre que ça soit une bonne idée de commencer par ça, car grosse pièce en vue. Je lui explique et PAF ! Ça a fait des Chocapics ! J'ai senti qu'on s'était trouvé un point commun et qu'on arriverait à s'accorder parfaitement.

Je me suis laissée guider par mon tatoueur et je ne le regrette tellement pas. Bien sûr ce genre de chose ne pourra se produire que si tu t'adresses à quelqu'un dont tu aimes le travail, le style et avec qui tu as un minimum de feeling. Sinon ça peut vite être compliqué.

Bon je te raconte ma vie (remarque on est là pour ça aussi un peu), mais on est encore en droit de se demander pourquoi je me suis fait tatouer et pourquoi j'y retourne (et j'y retournerai encore!)
C'est un peu banal, mais mon corps et l'image que j'en ai c'est une partie de ma vie légèrement compliquée à gérer. Déjà gamine on m'a rabattu les oreilles du fait que j'étais grassouillette, qu'il fallait que je fasse un peu d'effort pour rentrer dans le « moule » afin d'éviter les moqueries, parce que « tu sais ma petite puce, les gens ils sont pas tendre ! » 
Tour à tour trop grande, puis un peu petite (merci poussées de croissances précoces!), s'il y a bien un truc qui est resté constant c'est l'embonpoint. Bref, tous les ingrédients étaient réunis pour que je sois mal dans ma peau. Depuis longtemps je tente de me débarrasser de ce satané embonpoint, mais il fini toujours par revenir, comme un brave chien fidèle à son maître. Si je ne peux pas avoir le contrôle là dessus, qu'à cela ne tienne ! Je peux quand même décider de faire ce que je veux de ce corps mal dégrossi et orner ma peau comme je l'entends.

Oui, je ne rentrerai jamais dans un jeans en fucking taille 36, mais les dessins sur ma peau sont sur mesure!



En me faisant tatouer j'ai trouvé une forme de liberté. J'ai fait un pied de nez à tous ceux, qui, de près ou de loin, directement ou indirectement, ont voulu contrôler mon corps à tel point que j'ai fini par le détester, par me sentir étrangère à cette enveloppe dont je ne peux pas me débarrasser. Grâce à ce petit bout de liberté retrouvée je renoue très très très doucement avec moi même. Le chemin est encore long, mais en écrivant tout ça je me dis que je dois être sur la bonne piste...