Il y a un mois j'étais au Mondial duTatouage. Je voulais participer à cet événement
depuis longtemps. Je vais te dire, j'ai pas été déçue une
seconde.
Des tatoueurs et des tatoués dans tous
les coins, tous les styles, tous les âges, toutes les nationalités,
le petit « bzzzzz » familier des dermographes en action
et la sensation d'appartenir à une grande communauté. Et je me suis dit que ça serait un bon prétexte pour qu'on parle tatouage.
Parce que tu ne le sais pas encore,
mais j'aime le tatouage ! Je suis tatouée, certes pour
l'instant je n'en ai que 2, mais je bouillonne d'idées et d'envies.
Et là, (presque) tout le monde se
demande : « Mais pourquoi ? »
En fait d'aussi loin que je me
souvienne j'ai toujours aimé les tatouages. Au lycée, je dessinais
des tatouages au stylo bic sur mes copines d'internat. J'ai même
sérieusement pensé à devenir tatoueuse !
La peau c'est un support tellement
unique. Selon les personnes et les périodes de la vie, sa texture,
sa couleur, son grain... impossible d'avoir 2 fois la même toile.
C'est un support qui évolue, qui est toujours en mouvement, qui vit
en fait !
Le côté tableau vivant ça a quelque
chose de magique, irréel, qui me captive à chaque fois.
Évidemment, j'ai très vite voulu me
faire tatouer pour de vrai.
Évidemment tant que j'étais mineure
c'était même pas la peine de rêver pour avoir la bénédiction des
parents.
Évidemment une fois majeure je n'avais
pas le budget pour me lancer tout de suite.
Évidemment quand j'ai réussi à
réunir un petit pécule nécessaire pour sauter le pas j'ai
beaucoup, beaucoup réfléchis.
Et tout ça, ça m'a pris 10 ans !
Et heureusement ! Sinon je me
serai retrouvée la couenne entièrement bleue avant mes 25 ans avec
des dessins d'un goût plus ou moins douteux, fait par des tatoueurs
eux mêmes plus ou moins douteux...
Avant de passer à l'acte, j'ai épluché
des centaines de catalogues de tatoueurs, instagram, facebook, site
de tatouages, discuté avec des tas de tatoués, posé 50 000
questions (parfois débiles!). J'ai pris le temps de choisir mon
tatoueur, parce que j'en suis arrivé à la conclusion que finalement
c'est ça le plus important, avant le dessin, avant l'emplacement :
l'artiste ! Je pars du principe que les tatoueurs ne sont pas
des imprimantes. Ils ont leur style, leurs points forts, leur
créativité, ce sont des artistes avant tout et c'est important de
respecter tout ça.
Quand j'ai débarqué pour la première
fois dans un salon de tatouage (Hand in Glove, à Paris, pour ne pas
le nommer) j'avais une idée super précise et je savais quel
tatoueur je voulais.
Après avoir discuté un peu avec lui,
il m'explique gentiment pourquoi mon tatouage et son positionnement
ne sont pas terrible, il me propose plusieurs autres déclinaisons du
motif, mais bof... Je suis pas tellement convaincue. Et là il m'a
dit un truc que j'oublierai jamais :
« Tu sais pour un tatouage faut pas faire de compromis. Faut te faire tatouer un truc dont t'as vraiment envie. »
« Tu sais pour un tatouage faut pas faire de compromis. Faut te faire tatouer un truc dont t'as vraiment envie. »
J'ai eu comme un déclic. Y'avait bien
un quelque chose dont j'avais très envie, mais j'étais pas sûre
que ça soit une bonne idée de commencer par ça, car grosse pièce
en vue. Je lui explique et PAF ! Ça a fait des Chocapics !
J'ai senti qu'on s'était trouvé un point commun et qu'on arriverait
à s'accorder parfaitement.
Je me suis laissée guider par mon
tatoueur et je ne le regrette tellement pas. Bien sûr ce genre de
chose ne pourra se produire que si tu t'adresses à quelqu'un dont tu
aimes le travail, le style et avec qui tu as un minimum de feeling.
Sinon ça peut vite être compliqué.
Bon je te raconte ma vie (remarque on
est là pour ça aussi un peu), mais on est encore en droit de se
demander pourquoi je me suis fait tatouer et pourquoi j'y retourne
(et j'y retournerai encore!)
C'est un peu banal, mais mon corps et
l'image que j'en ai c'est une partie de ma vie légèrement
compliquée à gérer. Déjà gamine on m'a rabattu les oreilles du
fait que j'étais grassouillette, qu'il fallait que je fasse un peu
d'effort pour rentrer dans le « moule » afin d'éviter
les moqueries, parce que « tu sais ma petite puce, les gens ils
sont pas tendre ! »
Tour à tour trop grande, puis un peu
petite (merci poussées de croissances précoces!), s'il y a bien un
truc qui est resté constant c'est l'embonpoint. Bref, tous les
ingrédients étaient réunis pour que je sois mal dans ma peau.
Depuis longtemps je tente de me débarrasser de ce satané
embonpoint, mais il fini toujours par revenir, comme un brave chien
fidèle à son maître. Si je ne peux pas avoir le contrôle là
dessus, qu'à cela ne tienne ! Je peux quand même décider de
faire ce que je veux de ce corps mal dégrossi et orner ma peau comme
je l'entends.
Oui, je ne rentrerai jamais dans un
jeans en fucking taille 36, mais les dessins sur ma peau sont sur
mesure!
En me faisant tatouer j'ai trouvé une
forme de liberté. J'ai fait un pied de nez à tous ceux, qui, de
près ou de loin, directement ou indirectement, ont voulu contrôler
mon corps à tel point que j'ai fini par le détester, par me sentir
étrangère à cette enveloppe dont je ne peux pas me débarrasser.
Grâce à ce petit bout de liberté retrouvée je renoue très très
très doucement avec moi même. Le chemin est encore long, mais en
écrivant tout ça je me dis que je dois être sur la bonne piste...