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mercredi 23 août 2017

Sicile : rétrospective

Et voilà, de retour en France, de retour à Reims.
Ces 4 semaines sur mon île sont passées à une vitesse folle.
4 semaines c'est long me direz vous. C'est exactement ce dont j'avais besoin. J'aurais même accepté un peu de rab.
Je vais pas te faire un compte rendu détaillé de mon voyage. Je vais juste te parler des moments marquants, de ce qui m'a le plus scotchée, émerveillée ou fait kiffer.
Pas facile de faire une sélection. La Sicile c'est tellement riche, différent, surprenant souvent. Alors bon je vais faire de mon mieux.

    On the road
 

    La toute première chose que je garderai en mémoire  c'est le voyage en lui même, enfin le trajet. J'avais décidé de ne pas me presser et d'y aller en voiture. J'ai donc pris la route et fait une première étape dans un petit village près de Gap chez mon cousin au milieu des montagnes. Rien que ça, ça m'a fait du bien. Le lendemain j'ai repris la route direction Gênes. Avant de passer la frontière, j'ai fait un petit arrêt à Briançon où je me suis baladée à la découverte de la vieille ville. Arrivée à Gênes je vais tout droit au port et on embarque, ma clio et moi, à bord de l'Excelsior. C'est parti pour 20h de bateau sur les eaux limpides de la méditerranée puis de la mer tyréenne. On accoste enfin dans le port de Palerme, mais il me reste encore 3h pour atteindre Monforte San Giorgio, mon quartier général pour un mois. Je peux vous dire que conduire dans Palerme au début c'est pas une mince affaire! Pour trouver le marquage au sol il faut bien regarder, le nombre de voies de circulation est aléatoire, la signalisation tient plus de l'ordre du conseil que de la réelle obligation et sur le périphérique ce qui chez nous est une bande d'arrêt d'urgence chez eux c'est plus une bande de dépassement d'urgence! 3 jours de voyage en tout. J'étais pas fâchée quand je suis enfin arrivée à destination.

    Tyndaris, la maternelle.  


Le bras de mer qui a sauvé la petite fille de Tyndaris


C'est un petit village perché sur une falaise au nord est de la Sicile. Pour y aller tu dois garer ta voiture dans le village juste avant et finir en bus ou à pieds. Une fois en haut, au pied de l'église toute recouverte de mosaïques très colorées on a une vue imprenable sur la mer et sa lagune juste en bas. Ce qui m'a le plus plût dans cet endroit c'est la légende qui l'accompagne. C'est un sicilien qui me l'a racontée : un jour une petite fille est tombée de la falaise de Tyndaris et la Vierge Noire (particularité de l'église du village) est intervenue en soulevant un banc de sable qui a amorti la chute et sauvé la petite. Le bras de mer alors formé est resté et c'est ce qui a donné la lagune d'Oliveri et la plage de Marinello. Bon de nos jours ces 2 endroits sont blindés de touristes se faisant dorer la pilule en sirotant un spritz ou une granita, de familles en mode bouées et châteaux de sable. C'est vachement moins mystérieux et poétique que dans la légende, mais bon... Il reste encore le village tout là haut, qui bien que lui aussi très touristique à su préserver un peu de calme. En se baladant on peut voir tantôt la mer tantôt les montagnes et on peut aussi se promener dans l'ancienne ville gréco-romaine encore bien conservée et là pour le coup t'es peinard!

    Stromboli, la magnétique. 

Pippo et son bateau avec le Stromboli en arrière plan

Un beau jour ça m'a pris, j'ai réservé ce qu'ils appellent une "mini croisière" pour les îles éoliennes. J'ai fait ma grosse touriste, j'aime pas trop ça, mais là j'ai pas été déçue du voyage. 2h sur un bateau rempli de gens de toutes nationalités avides de visites, qui se sont fixé pour but de voir - ou plutôt de photographier - le maximum de choses en un temps record. On accoste à Panarea, où on nous laisse 2h30 pour faire le tour, un peu court à mon goût mais bon. J'ai fait l'impasse sur la visite du village préhistorique (un truc à ajouter à ma liste des choses à faire quand je retournerai en Sicile) et je me suis adonnée à mon mode de visite favori : flâner au hasard. J'adore ça, prendre des rues ou chemin au pif, me laisser guider par mes yeux, mes oreilles et même des fois par mon nez. Surtout qu'en Sicile, et à fortiori dans les petits bleds, il vaut mieux ne pas chercher quelque chose de trop précis. Si tu veux trouver un truc là bas, le mieux c'est de ne pas le chercher. Donc me voilà qui déambule dans cette île, sillonnant les toutes petites rues, aux maisons blanches et les fleurs très colorées qui contrastent fortement. On se croirait en Grèce.
Je reprends le bateau direction l'île de Stromboli. On change de monde. Avant même de poser un pied sur l'île, on voit l'imposant volcan. Plus on approche plus le silence se fait, il y a une ambiance particulière, comme quelque chose en suspend... On débarque enfin et malgré la masse de touristes qui sont déposés et repris chaque minute c'est comme si on osait pas faire trop de bruit pour ne pas réveiller la bête. La terre, le sable et les galets, tout est noir, avec un soupçon de paillettes (c'est le fer contenu dans la lave). Comme sur Panarea, les maisons sont blanches, très fleuries... mais en levant la tête tu peux voir entre 2 palmiers le cratère qui fume en continu, tranquillement.
Je me balade un tout petit peu puis finalement je me trouve un petit coin de plage pas trop envahi et en avant pour une baignade. C'est étrange de nager dans cette eau qui parait si noire. Sur la plage je rencontre un habitant de l'île, un petit vieux, Pippo, qui me parle du volcan, de la vie ici, etc, etc... Avec son français approximatif et mon italien hésitant on arrive quand même à se comprendre.
Je me laisse complètement charmer par l'endroit. Il y a quelque chose de magnétique, de fascinant, ça m'a été difficile de reprendre le bateau. Je serai bien restée là 3 ou 4 jours. Le soleil se couche et le capitaine nous fait faire le tour de quelques petits îlots dont les couleurs sont mises en valeur par la lumière du soir. C'est beau. Je pourrai contempler ça pendant des heures encore. Doucement on arrive de l'autre côté de l'île "La Sciara del fuoco". Ici aucune végétation, rien, seulement de la lave noire, tintée par endroit de reflets brun-roux, résultat de l'oxydation du fer contenu dans la lave. De la rouille en définitive. La délimitation entre cette piste noire et le reste de l'île est très nette. C'est un peu double face. Mais ce qu'on est venu voir ici c'est les explosions de lave du cratère principal et laisse moi te dire qu'on est pas venu pour rien. Le Stromboli s'en est donné à cœur joie. Bon c'était pas une période d'énorme coulées de lave, mais on a eu droit à plein de petites (et moyennes) explosions et crois moi rien que ça c'est déjà impressionnant!
En scrutant le sommet du volcan j'ai aperçu des gens qui avaient gravit la montagne et pouvaient observer les éruptions de plus près sur une sorte de promontoire au dessus du cratère. Et ben ça je l'ai mis tout en haut de ma liste des choses à faire en revenant en Sicile!

    Etna, le roi. 

Paysage lunaire de l'Etna

 Évidemment, même si j'y était déjà venue, j'étais obligée d'y retourner. En plus cette fois j'ai eu de la chance, le temps était parfaitement dégagé. Je crois qu'a chaque fois ça me fera toujours la même chose : je me laisserai toujours impressionner par ce paysage tellement unique. J'avais vu le Stromboli la semaine juste avant, mais c'est encore différent. Bien sûr la terre est noire, le sommet fume, mais là le paysage est vraiment lunaire passé une certaine altitude. Bon comme une conne je n'avais pas pris de vraies chaussures de rando, j'avais seulement mes petites baskets en toile. Du coup j'ai pas tenté l'ascension à pieds. J'ai pris le funiculaire, puis un véhicule à mi chemin entre le bus et la jeep qui nous a emmené à près de 3000m d'altitude, sachant que le sommet est à 3300m, ça te donne une idée de la chose. Coup de bol magistral, je suis tombée sur un groupe de français qui partaient pour une visite guidée des environs et qui m'ont laissé me raccrocher à eux. Pas loin d'une heure de balade avec les explications d'un guide super intéressant. On a vu la dernière coulée de lave qui datait de 3 mois et qui venait tout juste de finir de refroidir, quelques un des cratères désormais éteints, mais qui sont encore bien chaud. Par endroit si tu creuses un peu tu peux voir la terre qui fume. Notre guide nous a même dit (avec l'accent italien évidemment) "Ici si tu creuses un mètre dans la terre tu peux faire cuire les pâtes. 100°C c'est la température idéale!"
Comme j'étais arrivée tôt j'ai eu la chance d'avoir assez peu de monde avec moi, ça plus le panorama de malade (on voit Taormina, Catane, l'intérieur des terres siciliennes, quelques unes des îles éoliennes et même la pointe de l'Italie) tu te sens un peu le roi du monde. Après la visite j'ai laissé le groupe de compatriotes redescendre et je suis restée encore un peu pour manger mon sandwich avec toute la Sicile à mes pieds.

    Palerme, la métisse. 

Chiesa Martorama
Sur la fin de mon séjour j'ai quitté l'est de la Sicile et j'ai rejoint une amie sicilienne du côté de Palerme. Ce fut 4 jours intenses! Avec ma super guide de compétition on a alterné entre baignades et exploration de la ville. Je ne connaissais pas du tout Palerme et j'en ai pris plein les yeux. Pour comprendre, il est nécessaire de faire un petit point historique. (pas trop trop précis non plus) En fait la Sicile c'est une espèce de gros carrefour où tout le monde est passé, à voulu s'approprier l'île et à laissé sa petite emprunte en partant : Phéniciens, Carthaginois, Grecs, Romains, Byzantins, Arabes, Normands et même les Américains. Bref, avec ce défilé d'envahisseurs c'était un peu normal que la capitale ressemble à un immense patchwork.
Déjà Palerme c'est grand. Très grand. Le centre historique aussi! On a crapahuté pas mal et on a quand même pas tout vu. Heureusement que j'étais avec une vraie Palermitaine, sinon je me serais complètement paumée.
Ce que j'ai préféré dans cette ville c'est les monuments Arabo-Normands. Quand les Arabes se sont installés, ils ont construits beaucoup de Mosquées, palais et autres bâtiments, les Normands sont arrivés derrière et se sont dit qu'au lieu de tout casser pour reconstruire ils allaient s'approprier les constructions des locataires précédents. Ce qui fait qu'on se retrouve avec des églises qui ont l'air de mosquées, c'est assez particulier. C'est beau! La ville a aussi eu une grande période art nouveau avec des quartiers entiers avec de belles villas. Malheureusement la mafia a fait détruire pas mal de ces bâtiments historique pour de sombres histoires d'urbanisation. D'une rue à une autre, on change du tout au tout. J'ai adoré arpenter les petites ruelles avec toutes les petites boutiques, bars, galeries, salons... Mais bon on était début août, alors forcément beaucoup d'endroits sympas étaient fermés.
En tout cas ça m'a donné envie d'y revenir, et surtout d'y revenir en hiver ou au printemps, rien que pour passer des heures à flâner dans les rues, lire des tas de bouquins dans les petits cafés... Bref, t'as deviné, Palerme c'est aussi dans ma liste des trucs à faire quand je reviendrais.

 Cathédrale Arabo-Normande de Palerme

    Évidemment j'aurais plus écrire des pages et des pages sur tout ce que j'ai vu : Taormina, Selinonte, Agrigente, Scala dei Turchi, Syracuse, Catane, Cefalu, Milazzo et Monreale. J'ai tout aimé, mais c'est aussi parce qu'à aucun moment je ne me suis forcée ni pressée à faire quoique ce soit. Je suis restée sur place un mois et j'aurais pu faire bien plus de chose, mais ça n'était pas le but de la manœuvre.  
D'ailleurs des questions qu'on m'a beaucoup posé : "Mais qu'est ce que t'as fait là haut? T'as rencontré des gens? Tu t'es fait des potes? Tu t'es pas trop ennuyée?..."
En fait ce que la plus part des gens n'ont pas compris dans ma démarche. Ce que je cherchais c'était la solitude, vraiment. Je n'ai pas cherché à faire de rencontre. Bien sûr j'ai rencontré des gens, j'ai discuté avec, j'ai même appris l'italien! Mais je n'ai pas lié d'amitié, je n'ai pas fait de soirées, ni d'autres trucs du genre. Non. Ce que je voulais c'était me couper, déconnecter, ne faire que ce que je voulais, ne pas faire d'effort. Juste me retrouver seule avec moi même, faire le point, réfléchir, prendre du recul. C'est pas toujours évident, bien sûr j'ai eu de petites phases d'ennui, mais c'est une chose qui ne m'était pas arrivée depuis longtemps alors ça m'a fait du bien. 
Pendant ce voyage il y a des choses qui ont mûries, qui se sont débloquées. En tout cas je me sens plus sereine, j'ai moins d'angoisses, je prends les choses plus calmement. 
Maintenant que je suis rentrée, il n'y a plus qu'à garder cet état d'esprit et continuer mon petit bonhomme de chemin sur la voie que j'ai déblayée pendant ce mois de juillet. 

Capo Milazzo


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